Comment rester écolo sans finir dépressif
En 2015, je vous parlais d'un livre qui a fait basculer ma vision de l'avenir, Comment tout peut s'effondrer de Pablo Servigne et Raphaël Stevens. Certes, je me faisais déjà du souci pour l'avenir de mes enfants, mais la découverte de la collapsologie m'a définitivement ôté tout espoir d'un retournement de situation qui nous épargnerait tout dommage. Les dégâts, on est en plein dedans en cette année 2021 et cette crise actuelle n'est rien en comparaison de ce qui nous attend. Rassurez-vous cependant, si je réveille mon blog de son hibernation, ce n'est pas pour vous plomber le moral mais pour vous parler de cette lecture que je viens de faire, Comment rester écolo sans finir dépressif, de Laure Noualhat. Le livre qu'il m'aurait fallu en 2015, immédiatement après avoir découvert la collapsologie. Alors si vous aussi vous êtes concerné.e par l'avenir de la planète et de tous ses habitants et touché.e par l'écoanxiété, ce livre est peut-être l'outil qu'il vous faut pour aller mieux et continuer sans vous décourager!
Si vous êtes un minimum écolo, ou collapso, ou juste inquiet.e pour l'avenir de vos enfants sur cette planète, vous êtes ou avez sûrement été concerné.e par l'écoanxiété voire l'écodépression. En 2015, après avoir découvert la collapsologie, ma vision de l'avenir a basculé et j'ai passé 4 ans entre désespoir, colère, angoisse et sentiment de solitude profonde, à essayer de trouver du sens (à quoi bon faire des projets tout si tout va s'effondrer?), des solutions, des moyens de mettre mes enfants à l'abri. J'étais profondément dévastée par l'injustice de ce qu'allaient subir mes (nos) enfants dans ce monde à l'agonie et des crises qu'ils allaient vivre, et obsédée par les choix à faire pour essayer de les protéger, tout en me sentant coincée en grande ville, le pire lieu qui soit en cas d'effondrement.
Et puis - est-ce l'acceptation? Est-ce la crise du coronavirus et toutes les mauvaises nouvelles qui s'abattent sur nous quotidiennement dans tous les domaines, et le fait qu'on soit encore là, à s'adapter et à vivre? - je me sens enfin plus apaisée, moins dans la panique de fuir et les pensées qui tournent en rond. Et ce livre arrive à point pour prévenir les rechutes inévitables.
Ce livre, oui, il me l'aurait fallu avant, car il m'aurait évité sans doute bien des angoisses. Basé sur l'expérience de journaliste environnementale de l'auteure et des témoignages de nombreux autres écolos, cet essai ne présente pas seulement des moyens de mieux vivre les frustrations et l'anxiété liée au souci pour la planète; il montre dans une première partie ("Tomber en écologie") que les étapes - par lesquelles je suis passée ces dernières années et dont on ne sort jamais vraiment - sont normales, qu'il faut les vivre, les accepter, les traverser, et qu'on en sort plus fort.e, plus humain.e. Laure Noualhat aborde les conséquences de l'effondrement, le vrai, et ce que ça fait de vivre avec cette connaissance dans une société en plein déni. Un peu comme quand on devient végétarien.ne ou végane et qu'on se sent si seule.e face à l'horreur de ce qu'on découvre, sauf que dans le cas de l'effondrement il s'agit non seulement de la disparition d'écosystèmes et d'espèces - tragique en soi - mais en plus de la question de notre propre survie et de celle de nos enfants, qui n'est plus garantie.
La deuxième partie du livre, "Regrimper à la vie", explore des alternatives, des rituels, d'autres manières de vivre, des moyens de célébrer, de trouver la beauté, de créer du lien, de faire des projets, de savourer malgré tout la vie, maintenant et dans l'avenir. J'ai apprécié que ce livre ne tombe pas dans le travers un peu facile des jolies solutions brillantes et rassurantes où tout ira bien dans un monde de panneaux solaires et de jardins partagés: oui, ça va mal et ça ira sans doute encore moins bien, mais il y a et il y aura toujours des choses à apprécier et des liens à créer, et en attendant on est là et on doit faire de son mieux. Et puis, des collapso heureux, ça existe apparemment, lisez jusqu'au bout ;) Appréciable aussi, le ton de l'auteure, léger et plein d"humour!
Oui, l'avenir sera très différent de ce qu'on connaît et on risque de connaître la souffrance. Mais il n'y a jamais eu de garantie, jamais eu de promesse que tout irait bien pour les humains, et on s'est toujours adaptés.
Pour aller plus loin, approfondir le travail intérieur et trouver notre vision, notre but et nos ressources (c'est plus facile à dire qu'à faire mais ça vaut la peine d'essayer), je vous recommande aussi L'espérance en mouvement de Joanna Macy et Chris Johnstone: "Pour Joanna Macy et Chris Johnstone, figures emblématiques de l’écopsychologie, l’humanité se trouve à un moment carrefour où elle doit faire le choix entre trois manières de donner du sens à l’évolution du monde : le On fait comme d’habitude, la Grande Désintégration ou le Changement de cap. Cette dernière « histoire » est la transition d’une société qui détruit la vie vers une société qui la soutient, à travers des relations plus harmonieuses avec tous les êtres – humains et autres qu’humains. Synthèse de plus de trente ans de praxis écocitoyenne, leur livre présente avec profondeur les tenants et aboutissants de ce changement de paradigme, « aventure essentielle » de notre temps. Il éclaire les fondements du Travail qui relie, un ensemble d’exercices qui invitent à explorer notre lien avec le vivant à travers une spirale en quatre étapes : s’enraciner dans la gratitude, honorer notre souffrance pour le monde, porter un nouveau regard et aller de l’avant".
N'hésitez pas à partager votre ressenti sur le sujet en commentaires! :)
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